Canada
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Lundi 13 juin 2011
Des averses se succèdent... Malgré la pluie, Québec a beaucoup de charme. Une ville qui pourrait être située dans l'Ouest de la France, entre Nantes et Angers. Une ville Française, dont le vieux quartier, protégé par des remparts, est encore pavé. Une ville très touristique. Des touristes, Anglophones en majorité, venus découvrir la naissance du Canada. L'une des plus vieilles villes, sinon la plus vieille, d'Amérique du Nord.
Grâce aux nombreux panneaux d'information, tu apprends l'histoire de la Ville et de la Province. Bizarrement, tu as l'impression de découvrir des épisodes de l'histoire de France. Des épisodes peu glorieux. Les défaites du Royaume de France face au Royaume d'Angleterre. Louis XV qui abandonne sans regret la province de Québec, malgré sa dénomination symbolique de « Nouvelle France ». Tu comprends pourquoi les Français de métropole sont alors devenus « les maudits Français ».
Une autre Histoire d'une autre France. Ici, on évoque le Roy Soleil, Louis XIV, puis... plus rien. Tout s'est arrêté en 1763. Il te paraît soudain incroyable que les quelques milliers de « Québécois » ait pu depuis aussi longtemps demeurer francophones, presque « Français ». Qu'ils aient eu, génération après génération, l'énergie de résister à l'occupation Anglaise, à la langue Anglaise. La ville semble depuis quatre cents ans fidèle au Royaume de France. Et les statues de Louis XIV et de Jeanne d'Arc peuvent fanfaronner.
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Mardi 14 juin 2011
Enfin le beau temps. Tu profites un peu du soleil pour te prouver qu'il peut faire beau à Québec. Tu quittes la ville en fin de matinée, et reviens sur Montréal par le Chemin du Roy. Pas vraiment un chemin, mais plutôt une route qui longe le fleuve. En tout cas une voie plus agréable que l'autoroute. Surtout par beau temps.
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Lundi 6 Juin 2011
Aujourd'hui, tu ne te lèves pas à 5 heures pour les vaches. Le plaisir d'une petite grasse matinée avant de préparer ton sac, de dire au revoir à Dan et de prendre la route.
Tu pensais traverser le Parc Algonquin par des chemins que tu as repérés sur ta carte GPS. A la porte Ouest, tu apprends que ces chemins sont interdits à la circulation. Tant pis. Tu passeras la nuit dans un camping, puis feras une balade à pieds demain.
Le camping est étonnamment cher : plus de 40 dollars. La vie au Canada est globalement plus cher que les Etats Unis, mais elle reste très abordables grâce à la bonne santé de l'euro. Mais ce camping bat des records.
A peine installé, tu es embêté par des nuages de petites mouches noires et quelques moustiques. Tu utilises le peu de spray répulsif qu'il te reste, le même depuis le début du voyage.
Tu pars en balade après avoir monté la tente. Une petite marche avant la nuit. Tu passes devant une caravane. Un homme, habillé en apiculteur, fait la cuisine. Son accoutrement est comique, mais certainement efficace. Moins protégé, tu dois en permanence écarter les nuages de petites mouches noires et de moustiques.
Tu marches vite pour distancer les insectes. Tu es rejoint à chaque pause. Pas très agréable. Le repas est tout aussi compliqué. Le soir, tu ne peux que rentrer dans la tente avec les petites mouches noires qui courent sur tes vêtements. Tu en écrases une bonne cinquantaine avant de t'endormir, mais tu en laisses quelques unes, difficilement accessibles, réfugiées au fond de la tente.
Mardi 7 Juin 2011
La matinée commence comme la veille : petit déjeuner en chassant les moustiques et les mouches noires. Tu réalises qu'elles ont profité de ta bonne nuit pour te piquer sur le crâne, derrière les oreilles, aux endroits oubliés par le spray. Tu as aussi, témoignage de la balade de la veille, une bonne vingtaine de piqures sur les pieds, les jambes, à la taille,... Et la journée s'annonce tout aussi pénible.
Tu abandonnes le Parc, vaincu par ces insectes. Pas de balade..., il vaut mieux plier la tente et fuir. Au moment du départ, tu papotes un moment avec un jeune couple d'Anglais, en voyage autour du monde depuis deux ans.
Tu reprends la route. Une longue pause à la sortie du parc, au « visitor center », pour accéder à internet. Tu y retrouves un couple de retraités Hollandais avec qui tu avais discuté la veille. Les discussions tournent autour des moustiques.
Tu n'auras pas profité du Parc. Des forêts, des lacs, des rivières... Les forêts sont belles, riches d'une grande variété d'arbres. L'automne doit être magnifique ici.
Tu reprends pour peu de temps la route vers la province de Québec. Tu t'arrêtes à Pembroke, juste avant la « frontière » entre Ontario et Québec. Là, tu trouves un hôtel pas trop cher, tenu comme d'habitude par une famille Indienne. A chaque fois, tu restes un moment à discuter avec le gérant. La majorité de ces familles Indiennes sont originaires de la même région du Nord de l'Inde. Des réseaux qui se connaissent, s'entraident, se retrouvent parfois pour des réunions de travail, des fêtes.
Une petite balade dans Pembroke qui avait reçu il y a une dizaine d'année le titre de plus jolie petite ville du Canada. La ville est mignonne, mais sans plus. Une rue où cinq-six églises se succèdent, de nombreux bâtiments avec des fresques, de nombreuses maisons fleuries. Il semble faire bon vivre dans cette petite ville.
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Mercredi 8 Juin 2011
Tu passes le pont qui t'amène sur l'Ile aux Allumettes, l'entrée au Québec. Un peu d'émotion de voir le Français s'afficher partout... Une pause pour le plein, et tu discutes un moment avec le pompiste. Un homme joyeux, heureux de parler. Tu aimes son accent. Il ne te tarde pas à évoquer les moustiques, qui empoisonnent ici aussi la vie des habitants. Les moustiques, les mouches noires, ou d'autres insectes voraces. Il t'explique que sa saison préférée est l'hiver. Tu comprends pourquoi. Ce n'est pas la première fois que tu entends des Canadiens te déclarer leur amour de l'hiver.
Pour rejoindre Montréal, tu as tracé un itinéraire pour moitié sur des routes non goudronnées, et pour moitié sur des petites routes. Partout des maisons au bord de petits lacs, entourées de belles forêts. Des situations de rêve. Des milliers de petits paradis. Le plus souvent, une barque amarrée près de la maison. Tu vois même à trois reprises des hydravions.
Tu as plaisir aussi à rouler sur la terre, les graviers, et parfois le sable. Il faut rester prudent : tu guidonnes un peu trop à deux ou trois reprises. Il ne faudrait pas chuter juste en fin de parcours. Une fois, ton GPS te conduit dans un petit chemin bien trop sablonneux. Tu décides de faire demi-tour avant qu'il ne soit trop tard, mais le demi tour est fatal... Toeuf Toeuf, trop lourde, est déjà ensablée. Tu parviens à la dégager sans déposer tes bagages, mais au prix d'un gros effort.
Tu arrives au Nord de Montréal en fin d'après midi. La sortie des bureaux, les embouteillages. Une grande ville bien différente de Chicago ou de Salt Lake City. Moins d'avenues commerciales, des rues plus petites. Une ville qui pourrait déjà être Européenne.
Serie 1/2
Jeudi 9 Juin 2011
Tu connais beaucoup de monde à Montréal. Des amis que tu n'as pas vus depuis bien longtemps. Tu retrouves Louise, rencontrée au Chili, qui te fait visiter sa ville, les coins qu'elle préfère. Au Marché « Jean Talon » , tu aperçois … Marie, Alain et Mélanie! Des amis Grenoblois. Tu savais qu'ils étaient à Montréal, et tu avais rendez vous à midi chez eux. Montréal doit être un petit village!
Après avoir récupéré Toeuf Toeuf, tu retrouves tes amis Grenoblois dans l'appartement qu'ils ont loué dans le quartier de « La Petite Italie ». Une arrivée anticipée à Grenoble... Beaucoup de choses à se raconter depuis ton départ, même si Marie t'envoyait régulièrement des nouvelles par mail, et qu'ils lisaient ton blog.
En fin de journée, une petite balade sur le Mont Royal. Tu aimerais revoir les lieux du tournage de « Jésus de Montréal ». A plusieurs reprises, Mélanie se renseigne auprès des passants pour trouver votre chemin. A chaque fois, les passants vous répondent avec une grande gentillesse. Les Québécois sont adorables avec les touristes, et pas seulement pour leur accent. Ils tutoient et sourient naturellement.
Vous marchez jusqu'à la Croix du Mont Royal annoncée comme l'une des attractions touristiques de la ville. Une déception devant la croix, espèce d'échafaudage métallique dressé au milieu d'un petit bois. Montréal réserve de belles surprises, et de moins belles choses.
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Vendredi 10 juin 2011
Tu quittes Marie, Alain et Mélanie en fin début d'après midi. Tu espérais une circulation fluide, mais c'est raté. Tu rends visite tout d'abord à Karim, un ami motard que tu avais rencontré en Algérie. Karim était étudiant à l'Université de Batna où tu enseignais. Il te donne quelques nouvelles des pistes des Aurès que tu parcourais en moto il y a bientôt trente ans. Il te parle aussi de l'immigration de sa famille au Canada. Des difficultés rencontrées. La vie des immigrants n'est pas un long fleuve tranquille.
Tu poursuis tes visites. Tu retrouves Chérifa, une cousine, et ses enfants. Chérifa a choisi de vivre à Beaconfield, un quartier Anglophone, pour faciliter la vie de ses enfants. Un choix difficile pour elle. Elle n'a que peu d'amis dans le quartier. Les communautés de Montréal se regroupent généralement par quartier, et Chérifa est isolée. Elle est désormais préparatrice en pharmacie, un métier pas trop éloigné de sa formation. Elle était professeur de biologie.
Samedi 11 juin 2011
Avec Chérifa, vous accompagnez les enfants à un match de foot. Puis vous vous retrouvez chez Kahina et Ibrahim. Les Algériens de Montréal ont généralement fait des études supérieures dans leur pays. Mais ils sont rarement employés ici pour leur qualification. Ibrahim est ingénieur informaticien. Aujourd'hui, infirmier après avoir repris des études. Le statut d'immigré, mais aussi les conséquences du 11 Septembre l'ont obligé à se reconvertir.
Tu quittes tout le monde pour rendre visite à Robert et Delphine. Robert est ingénieur, comme toi, et créateur d'entreprise. Delphine était médecin et journaliste. Après avoir passé quelques années à Toronto, ils viennent de déménager l'entreprise de Robert sur Montréal. Cela devrait a priori faciliter les affaires.
A chaque fois que tu rencontres des « immigrés », ils te parlent des difficultés rencontrées. En arrivant au Québec, ils se sont engagés à ne pas faire valoir leur diplômes. De nombreux ingénieurs se retrouvent ainsi chauffeurs de taxis. Des médecins suivent des formations pour devenir infirmier... Delphine te disait qu'elle avait rencontré un chirurgien Russe devenu « homme de ménage » dans un hôpital. Au moins, il pouvait donner un coup de main aux urgences entre deux coups de balais.
Le Canada a des besoins humains. Le Québec attire les Francophones, les choisit, et les accepte. Mais il les dévalorise, les défavorise. Probablement pour prévenir d'éventuelles frictions avec sa population. Les nouveaux venus sont ainsi destinés aux professions délaissées par les nationaux. Les immigrants serrent les dents, et peu d'entre eux font demi-tour. Le Canada reste un pays d'avenir, un pays où tous les enfants d'immigrants partent avec de bonnes chances.
Immigrer n'est pas voyager. Ton voyage t'apporte chaque jour des changements, de nouvelles rencontres. Immigrer, c'est davantage changer une vie plus routinière pour une autre vie routinière. Montréal offre la sécurité, un environnement multi-culturel, un vie confortable. Mais la vie en Amérique du Nord a aussi ses inconvénients : l'hiver rigoureux, une semaine annuelle de congés payés pour les plus défavorisés. La plupart des immigrants évoquent aussi le peu de contacts avec les « vrais québécois ». Il y a au Québec des « nous autres », et des « vous autres ».
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Mardi 31 Mai 2011
Ta dernière frontière hors l'Union Européenne. Toujours un peu d'anxiété lorsque tu arrives à une frontière. Tu ignores tout des éventuelles formalités pour la moto. Tu as aussi acheté un carton de bières pour Dan, l'ami de Mike qui t'hébergera ce soir. Tu espères qu'il passera sans souci.
Aucune formalité coté américain. Ta première frontière où seul le pays d'entrée procède à des vérifications. Passé le pont, tu prends la file bilingue pour te remettre un peu au Français. L'attente est brève. La policière te pose quelques questions sur ton voyage, sur ce que tu penses faire au Canada. Elle te teste. Quant à la moto, elle n'y porte aucun intérêt. Dois tu passer aux douanes ? Non, elle ne croit pas. Elle n'en sait rien. Les seuls véhicules non-Nord-Américains qu'elle n'ait jamais vu étaient Mexicains, et il n'y avait aucune formalité pour eux. Elle passe un coup de téléphone pour confirmer. Effectivement, rien à faire. Tu peux rentrer au Canada après qu'elle ait placé sur ton passeport son tampon. Tu as pris soin de lui demander d'épargner ta dernière page blanche, qui restera probablement blanche jusqu'au retour.
Tu te rends chez Dan, un ami motard de Mike, fermier près de London, Ontario. Grâce au GPS, tu n'as pas trop de difficulté à trouver la ferme, et Dan dans son champ. Tu ne sais pas combien de temps tu resteras. Si tu peux aider, tu aimerais bien découvrir « la vie à la ferme ». Sinon, autant avancer vers Montréal.
Mercredi 1 Juin 2011
Tu découvres ce qu'est une ferme laitière. L'activité est cadencée par les traites, qui reviennent trois fois par jour : à 6h, 14h et 22h.
Dan aurait besoin de main d'oeuvre ce weekend. Tu pourrais être utile si tu restes jusque là. Donc tu mets la main au pis. Pas évident au premier abord. Comment réagira-t-elle? Tu crains un retour de sabot. Tu es aussi inquiet des éventuels éclaboussures. Les bouses tombent bien facilement.
La première séance est vite passée. Tu as essentiellement observé. La seconde, tu interviens davantage. Tu es bien moins efficace que tes amis. Il te faut apprendre à optimiser les gestes, à gérer les réactions de tes amies bovines.
Tu accompagnes aussi Dan dans ses autres activités. Un peu de mécanique sur un tracteur, un peu de rangement, planter un coin pour faire un essai,... Tu observes plus que tu ne travailles.
Lors de la séance de traite de l'après midi, tu interviens davantage. Tu les observes ensuite travailler pour l'insémination des vaches en chaleur, améliorer l'irrigation,... mille choses à découvrir.
Le soir, Dan t'emmènes à une soirée typiquement Canadienne : match de hockey à la télé, pizzas, ailes de poulet sont au programme. Et bien sûr des bières...
La grande finale de hockey : Vancouver contre Boston. Mais est-ce la grande finale ? C'est plutôt une finale à répétition car sera vainqueur la première équipe à remporter quatre rencontres. Et ce soir, Vancouver prend l'avantage dans les dernières secondes, pour la plus grande joie des téléspectateurs présents.
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Jeudi 2 Juin 2011
Tu as déjà droit à une journée « off ». Tu pars avec Toeuf Toeuf voir les chutes du Niagara. La plus fameuse attraction touristique du Canada.
A peine cinq ou six kilomètres sur une route de terre, ton câble d'embrayage lâche. Le troisième depuis le début du voyage. Tu hésitais à partir léger, sans les sacoches, et tu avais opté pour la sécurité... chance, car tu as justement un câble de rechange que t'avais apporté Raphaël.
Arrivé à Niagara Falls, une pause dans un fast food. La table voisine est occupée par un couple de grand-parents qui garde leur petit fils. La jeune grand-mère est d'origine chilienne, et vous parlez de son pays. Dur dur de se remettre à l'Espagnol. Voilà que seuls les mots Anglais te viennent à l'esprit, et tu fais un savant mélange franco-hispano-anglais.
Les chutes, le canyon sont impressionnants. Une marche d'escalier au milieu d'un continent, d'une région de lacs. Mais la ville de « Niagara Falls », refuge de casinos et d'hôtels n'a que peu de charme. Tu restes une heure à admirer les chutes, et te voilà reparti pour la ferme, par le Nord cette fois. Tu traverses Hamilton, une ville industrielle occupée par des usines sidérurgiques géantes. Le Canada industriel est là... Tu le quittes pour rejoindre Paris (Ontario). Depuis quelques semaines, tu traverses des villes ou des villages aux noms célèbres : London, Alger, Constantine, Casabalanca… et maintenant Paris.
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Vendredi 3 Juin 2011
L'odeur commence à imprégner tes vêtements. Le parfum des vaches... Un savant mélange, fait de bouse, de lait, de désinfectant, et d'un zeste d'urine. Tu prévois une grande lessive Dimanche après midi, après le dernier « milking » auquel tu participeras.
A l'heure du déjeuner, tu rencontres la grand mère du clan. Elle est d'ailleurs déjà « arrière grand mère », mais on a pas encore pris l'habitude de ce nouveau titre, et elle semble être restée « Grand Ma » pour tous. L'entente entre les générations t'impressionnent. Une part de respect et une part d'affection. Tous sont courageux, travailleurs, n'hésitent pas à se rendre service, à aider pour les tâches nombreuses, souvent ingrates, de la ferme. A faire aussi en sorte que chacun puisse mener la vie qu'il entend en dehors de la ferme. Une vie clanique, mais aussi une vie moderne où chaque enfant peut étudier ce qui lui plaît, et revenir à la ferme si la vie citadine ne lui convient pas.
Dan a des horaires denses ces jours-ci. Levé à 6 heures pour le milking, il est souvent couché à 10 heures, lorsque la nuit ne permet plus de travailler avec le tracteurs. Son père, ses filles, son fils, son gendre se relaient pour l'aider dans les tâches quotidiennes.
Les générations se suivent à peu d'intervalle : vingt ans seulement. 65 ans, 45 ans, 25 ans, et quelques années pour les bouts de choux. Les grand parents habitent au village, Dan à la ferme, sa fille Nathalie à seulement un kilomètre.
Ce soir, vous allez faire une balade en moto, en BMW. Tu prends la GS1200 de Dan qui prend sa RT. Tu es heureux d'essayer cette moto qui t'impressionnait. Mais une fois dessus, elle t'apparait beaucoup plus légère et maniable que tu l'avais imaginé. Pas aussi légère que Toeuf Toeuf, mais certainement plus facile à conduire sur route.
Vous allez jusqu'au Lac Erie. Une heure de route, avec des amis de Dan. Un diner dans un restaurant, puis retour dans la fraîcheur de la nuit. Tu apprécies le confort de la bulle, et celui des poignées chauffantes...
En arrivant sur Woodstock, la RT tombe en panne d'essence. Dan prend la GS pour aller chercher un jerrycan, et tu restes seul sur le bord de la route. A plusieurs reprises, des véhicules s'arrêtent pour te proposer leur aide. Tu n'en as pas besoin, mais tu apprécies le geste. Tu te demandes si tu aurais la même chance en France.
Vous rentrez à la ferme fatigués par cette longue journée. A peine couché, te voilà endormi.
Samedi 4 Juin 2011
Tu commences à reconnaître les vaches que tu traits. Elles sont toutes différentes. Les grandes, les courtes sur pattes, celle qui est malade, celle qui vient d'avoir un petit veau, celle qui a cinq tétons, celle dont un téton est toujours sec, celle aux mamelles velues, … Sans compter leurs différences d'humeur, leurs manies, ... Chacune présente des caractéristiques qui la rendent unique.
Entre les traites, tu discutes voyages avec Dan qui envisage de descendre jusqu'en Patagonie. Tu lui laisses tes cartes, tes contacts, et toutes les informations que tu avais apprises par d'autres voyageurs. C'est chouette d'envisager ce beau voyage. Peut être y retourneras-tu un jour.
Tu as encore deux semaines au Canada, mais le retour se fait sentir chaque jour davantage.
Dimanche 5 Juin 2011
Dimanche, une journée comme les autres pour Dan. Ta dernière journée à la ferme. Tu commencerais presqu'à être opérationnel pour la traite. Tu comprends que l'on aime être agriculteur. Un métier où l'on passe de la mécanique à la médecine, où l'on plante, où l'on accouche, où l'on creuse,... Un métier varié, où il faut réfléchir et prendre des décisions.
Une fois la dernière traite terminée, tu laves ton linge, et tu reprends les discussions avec Dan. Quitter la ferme plusieurs mois pour Dan n'est pas évident. Comme quitter ton entreprise ne l'était pas non plus. Mais le pas le plus difficile est toujours de prendre la décision.
Alex, le fils de Dan part avec la RT1200. Il n'a que seize ans et déjà son permis moto. Il conduit prudemment et seulement aux alentours. Les routes Canadiennes sont bien moins dangereuses que les routes Européennes : plus large, moins de traffic, moins de virages, et davantage de courtoisie. En revanche, les Canadiens conduisent tous 10km/h au dessus de la limite. Ce n'était pas le cas aux Etats-Unis. Les radars sont probablement à l'origine de la différence.
Vous retrouvez le soir Alex chez Cherry, l'amie de Dan. Passe aussi la soeur de Cherry avec toute sa famille. Beaucoup de jeunes ados qui parlent tous de la « prom », la grande soirée réservée aux lycéens qui viennent de passer leur bac. Le hockey fait aussi partie des discussions. Le hockey est ici le sport national, encore davantage que ne l'est le foot en Europe. Vous ne rentrez pas trop tard ce soir. Tout le monde est fatigué.
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Etats-Unis
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Vendredi 27 Mai 2011
Les pneus que tu as commandés il y a une semaine n'arriveront pas à temps. Vous essayez d'en trouver d'autres dans deux ou trois magasins de la région. Mais aussi grands soient-ils, ces magasins de motos n'ont pas de pièces détachées en stock, ni de pneus... Tant pis, les pneus actuels tiendront encore jusqu'à Montréal.
Balade en voiture vers Chicago Downtown. Mike habite à une trentaine de kilomètres du centre ville. Entre sa lointaine banlieue et le centre, l'autoroute longe des vieilles unités sidérurgiques. Certaines ont été abandonnées, mais l'Amérique reste encore un pays industriel.
Comme pour la plupart des grandes villes américaines, le centre ville se repère de loin grâce à ses grattes-ciels. Des tours construites à différentes époques. De beaux bâtiments, une belle ville. Vous vous promenez dans les parcs du centre, autour du Musée d'Art. Mike, qui peut difficilement se déplacer, se pose sur un banc pour vous attendre. Avec Jerry vous marchez un moment sur les grandes avenues du centre, avant de retrouver Mike.
Jerry et Mike étaient étudiants dans la même université. Ils sont toujours restés en contact. Ce soir, ils ont rendez vous avec un ancien camarade, Dino, qu'ils n'ont pas revu depuis la fin de leurs études. Depuis 35 ans. Mike, Jerry, Dino,... ils se répètent qu'ils n'ont pas changé. Si, ils ont dû changé. Tu l'espères.
Avant que tu ne le rencontres en Argentine, Mike avait déjà retrouvé d'anciens amis grâce à Facebook. Trois amis Canadiens avec qui il avait parcouru l'Afrique du Nord quand il avait vingt ans. Il t'avait montré deux photos : le groupe des quatre en 1974, et les mêmes, même disposition, en 2010. Les gens changent... Mike était tout aussi grand, mais il était fin, et ses cheveux longs modifiaient totalement son visage.
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Samedi 28 Mai 2011
Jerry vous quitte en fin de matinée. Il retourne chez lui, dans l'Etat de Washington. L'après midi, passe vite. Lessive, internet... Vous faites juste quelques courses pour préparer le repas du soir.
Un autre Mike, un ami d'enfance de Mike vous rejoint. Après le diner, tu projettes les photos de ton voyage sur la télé géante de Mike. Mike, l'ami, ne voyage pas. Il lit. Tu es impressionné par ses connaissances. Il semble tout connaître de chaque pays : son histoire, sa faune, sa flore... Une encyclopédie.
De ton coté, tu commences par ressentir de la nostalgie pour tous ces pays traversés, toutes ces personnes rencontrées. Tu réalises que le voyage est surtout derrière toi. Quant à Mike, il rêve de voyages à venir.
Avant de te coucher, tu trouves une bonne nouvelle dans tes emails : tu pourras récupérer ta maison début Juillet. Tu pensais que les locataires y resteraient jusqu'à mi-Août. Cela simplifiera ton retour, et t'évitera de squatter trop longtemps chez tes amis Grenoblois.
Dimanche 29 Mai 2011
Nouvelle journée de pluie. Depuis deux semaines, tu as l'impression de ne voir que des journées grises, des rivières qui débordent, et des terres saturées par l'eau. Dans les emails que tu reçois, les Français se plaignent au contraire de la sécheresse. Des excès opposés de part et d'autre de l'Atlantique.
Nouvelle journée qui file. Vous discutez, et passez du temps sur internet. Mike ne peut marcher, mais vous sortez tout de même faire un tour en voiture. Les avenues se suivent et se ressemblent. Des zones commerciales interminables où se succèdent les fastfoods, les supermarchés, les vendeurs de voitures, ceux de pneus, ...
Beaucoup de vendeurs de feux d'artifices aussi. Ainsi que des « self-storages », des places où l'on peut louer des locaux pour y entreposer son surplus de meubles, d'affaires. Les Américains consomment, il leur faut donc de la place pour stocker les objets qu'ils remplacent.
Certaines avenues sont consacrées aux églises. Des églises à la dimension américaine. Des parkings monumentaux, et des bâtiments qui pourraient abriter des universités. Ici plusieurs variantes protestantes, là une église Serbe, juste à coté, une Croate.... Des bâtiments qui ont coûté des fortunes.
L'après midi, Mike t'initie à son métier. Il vend sur des salons des produits pour l'entretien du bois. En France, il aurait été camelot sur un marché. Ici, il prend ses petites fioles et se rend sur des salons où des consommatrices lui achètent ses produits après une démonstration bien menée. Mike est doué pour le commerce. Il aime communiquer, il aime parler, il aime rire. Il aurait dû faire du théâtre.
Tu l'aides aussi à remplir quelques fioles d'avance. Tu n'es pas bien efficace au début. Comme toutes les tâches manuelles, il faut prendre l'habitude.
Le soir vous discutez une nouvelle fois de vos voyages tout en observant les oiseaux. Quand il avait vingt ans, Mike était parti six mois autour de la Méditerranée, en stop. L'Europe, le Proche Orient, l'Afrique du Nord. Il te raconte ses aventures avec son copain d'Orléans, Jaaacques Leeeedoux. Mike a beaucoup barroudé. Cette époque l'aura marqué pour toujours, comme ta coopération t'a marqué. Ce sont souvent les gens qui ont voyagé jeunes qui se baladent plus tard, moins jeunes, en moto.
Lundi 30 Mai 2011
Deux amis de Mike, Norm et John viennent petit-déjeuner avec vous. Deux motards. John est venu avec sa KTM Adventure, et Norm avec sa Harley. Norm et Mike plaisantent sur leurs motos respectives. Qu'est ce qu'une « vraie » moto ? Une Harley ou bien une moto tout-terrain ? Les conducteurs de Harley sont souvent peu tolérants... Mais Norm semble quand même éprouver du respect pour la pauvre Toeuf Toeuf.
Dans la sacoche de sa Harley, Norm garde un révolver. Tu lui demandes si cela est bien utile, mais oui... Une fois, un gars a pu tuer deux types qui en voulait à sa moto. Norm fait partie de la génération qui fut appelée pour la guerre du Vietnam... Mike et Jerry, cinq ans plus jeunes, ont eu plus de chance. Ils ont pu éviter cette expérience.
Norm te fait essayer son revolver. Tu interdisais à tes enfants de jouer avec des armes en plastique, et te voilà dans un jardin à viser un pot avec un vrai flingue. La détonation et le choc sont violents. Pas bien agréable de jouer avec ces choses.
Tu fais tes adieux à Mike après le petit déjeuner. Direction Michigan. Tu évites à nouveau les autoroutes. Un peu partout des drapeaux. Encore plus que d'habitude. C'est aujourd'hui le Memorial Day. Le jour du souvenir, en l'honneur des vétérans, les anciens combattants. Depuis que tu es aux Etats Unis, tu as l'impression de croiser le mot « vétéran » chaque jour. Les Etats Unis sont un peu comme la France au lendemain de la guerre de 14. Chaque petite ville veut son vieux char réformé, ou son vieil hélicoptère pour l'exposer près du Monuments aux Morts.
Un jour férié, et aussi le premier jour de beau temps depuis longtemps. La température a pris au moins vingt degrés en deux jours. Une journée idéale pour rouler.
Dans le Nord de l'Indiana, tu passes à plusieurs reprises devant des familles Amish. Mike t'a prévenu que tu en verras à nouveau. Mais il semble qu'ici, les règles soient un peu relâchées. Les vêtements sont plus modernes, et tu vois dans les cours des engins agricoles ainsi que des poteaux électriques.
Sur une petite route boisée, tu manques d'écraser un jeune daim qui tient à peine sur ces pattes. Il te faut freiner et faire un écart pour l'éviter. Tu as eu de la chance de rouler doucement.
A un passage à niveau, un train de marchandise arrive. Tu en profites pour compter les wagons : 112! Contrairement à l'Europe, les trains de voyageurs sont ici bien moins nombreux que ceux destinés au fret.
Tu montes vers le Nord et rejoins le Michigan. Illinois, Indiana, Michigan sont des états qui se ressemblent : peu de relief, beaucoup de rivières, de lacs et d'étangs. Des grands champs et des zones boisées.
Tu roules jusqu'à sept heures. En rentrant au Michigan, tu as à nouveau perdu une heure de décalage horaire avec l'Europe. Te voilà ramené à seulement six heures.
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